Buchenwald, 2 juin 2010

Publié le 4 juin 2010

Sur la vaste place d’appel du camp de Buchenwald, 80 collégiens du Pas-de-Calais honorent la mémoire des victimes du nazisme. Lauréats du dixième prix départemental de la Résistance, ces élèves de troisième séjournent en Allemagne dans le cadre d’un voyage mémoriel.

À l’heure du dépôt de gerbe au monument commémoratif, Martial Herbert, Conseiller général, leur rappelle ce vers de Paul Éluard, Si l’écho de leurs voix faiblit, alors nous périrons. Pour la première fois depuis dix ans, aucun déporté, aucun résistant n’a été en mesure d’accompagner les collégiens. Bientôt, le temps du silence viendra. À vous de prendre le relais, à vous de prendre la parole !

Armelle Looten accompagne la délégation : Je représente ici l’ensemble de ma famille. Je rend hommage à mon grand-père, Julien Sevin, résistant et déporté à Dora. L’écho, comme celui d’un cœur qui bat. Avec beaucoup d’émotion, sous le ciel gris de Buchenwald, la jeune femme lit les premières lignes du témoignage de son aïeul décédé en 1984. À ses côtés, attentive et émue, se tient Nelly France Ducatel. Depuis 1994, elle aussi témoigne : À la disparition de maman, je me suis investie. Je suis née en déportation, à la forteresse de Kreusburg en Haute-Silésie. Les parents gaullistes de Nelly France avaient été arrêtés par la Gestapo fin 1943 à Arras, son père est mort à Dora.

Souvent dans les collèges, elle raconte son histoire de famille, une histoire de France : À ma naissance, en juillet 44, ma mère m’a cachée. Cela a duré un an. Elle a pu compter sur la solidarité de ses camarades et la connivence des kapos. Lors de ses interventions, elle montre les traces de ce passé, les cadeaux réalisés par les prisonniers, la petite robe qu’elle portait le 23 juillet 1945 lors de son retour en France : Elle avait été confectionnée à l’aide de deux cache-cols d’uniforme anglais. Elle impressionne toujours.

Aujourd’hui, Nelly France se dit heureuse de voir les collégiens présents à Buchenwald : Je suis membre du jury et je peux vous dire que leurs travaux sont vraiment remarquables. Ils ont bien travaillé et méritent tous ce voyage. Un compliment qui va droit au cœur des élèves mais aussi de leurs professeurs. Éric Rolland enseigne l’Histoire au collège d’Auchy-les-Mines : C’est une occasion unique. Nous avons travaillé à partir d’une fiction, la série Band of Brothers. Cet après midi, à Buchenwald, c’est la découverte de la réalité. Tout est plus grand, constate Maeva et puis il y a le four crématoire... On est vraiment impressionnés. On aimerait pouvoir étudier le sujet toute l’année. Membre du jury et Président de l’Association des Anciens Combattants de la Résistance, Michel Duval, l’avait déjà souligné plus tôt dans la journée : La Résistance et la Déportation, plus on en parle et plus on a envie d’en savoir !

Demain, 80 jeunes du Pas-de-Calais en sauront plus. Demain à leur tour, ils parleront, ils témoigneront. Le temps du silence n’est peut être pas encore tout à fait venu.

Les collèges concernés :

  • Marches de l'Artois de Marquion
  • Germinal de Biache-Saint-Vaast
  • Pierre-Mendès-France d'Arques
  • Jean-Monnet d'Aubigny-en-Artois
  • Joliot-Curie d' Auchy-les-Mines
  • Georges-Brassens de Saint-Venant
  • Anatole-France de Noeux-les-Mines

Les photos de la journée :