Besoin d'aide ? Contactez-nous !
+33 (0)3 21 216 216 Formulaire de contact
« Lorsque nous avons rencontré les habitants du Pas-de-Calais avant de rédiger les trois Pactes de notre projet de mandat, beaucoup ont insisté sur l’importance du cadre de vie, le besoin de bien-être, le désir de nature » rappelle Jean-Claude Leroy, président du Département. Si la nature est belle dans le 62, de la Côte d’Opale au Bassin minier, entre falaises, marais, bocage et terrils, elle est aussi très fragile. La collectivité a donc voulu inscrire dans le marbre du Pacte des solidarités territoriales la préservation de la biodiversité, au même titre que la préservation de l’air, de l’eau. Le 30 mai dernier, l’assemblée départementale a adopté un plan d’actions baptisé Défi Biodiv’62.
Depuis trente ans, le conseil général du Pas-de-Calais puis le conseil départemental mènent une véritable politique environnementale. En créant notamment Eden 62 devenu par la suite un syndicat mixte, la collectivité s’est engagée dans la protection, la gestion, l’accessibilité des espaces naturels sensibles.
En 2018, le Schéma départemental des espaces naturels sensibles se penchait déjà sur la biodiversité en diagnostiquant des enjeux prioritaires de préservation des milieux humides et des coteaux calcaires.
« En 2022, nous avons décidé d’aller encore plus loin en faveur de la biodiversité, explique Jean-Claude Leroy, parce que les habitants expriment cette envie de nature, mais aussi parce que nous sommes préoccupés par les conséquences du changement climatique, de la dégradation de nos ressources, de l’artificialisation des sols. » Pour le Département, la gageure est d’aller plus loin en faveur de la biodiversité, qu’elle soit remarquable (les espèces et les habitats rares et menacés) ou ordinaire (la faune, la flore qui nous entourent), « tout en continuant d’aménager et d’accompagner les conditions du développement territorial ».
Pour que la biodiversité s’étende
Le Défi Biodiv’62 a trois objectifs : donner de l’air et de l’aire (de la surface) à la biodiversité ; lui donner des bras, des yeux et des idées ; lui donner des ressources et des moyens de gouvernance. D’ici 2027, 40 millions d’euros seront consacrés à la biodiversité. Donner de l’air(e), c’est acquérir de nouveaux terrains en Espaces naturels sensibles (200 hectares d’ici 2027), c’est accompagner les communes et les intercommunalités dans la création d’espaces naturels, « c’est aussi augmenter la valeur écologique des sites départementaux, infrastructures et bâtiments » souligne le président. Le Département veut ainsi concilier aménagement, entretien de ses routes et biodiversité, faire entrer la biodiversité au collège, laisser s’installer la biodiversité sur les anciennes voies ferrées (dont il est propriétaire).
« Nous n’oublions pas nos partenaires agricoles, précise Alain Méquignon, vice-président en charge de la ruralité, de l’agriculture et du développement durable. La biodiversité, ce sont aussi ces auxiliaires naturels des cultures agricoles. Il y a nécessité d’améliorer la biodiversité dans les espaces à dominante agricole et de réhabiliter de vrais corridors écologiques. Le Département pourrait apporter un soutien aux agriculteurs qui souhaitent oeuvrer en faveur de la biodiversité.» Alain Méquignon évoque en outre le projet Champ des possibles pour une valorisation écologique des chemins ruraux « où peuvent parfaitement cohabiter la biodiversité et la pratique d’un sport de pleine nature ».
Un Fonds Biodiversité
Des bras, des yeux et des idées pour la biodiversité, le Département espère en trouver chez les jeunes, leurs propositions sont attendues avec impatience ; chez les propriétaires de jardins susceptibles par exemple d’accueillir des refuges LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) ; chez ses partenaires : la LPO, les fédérations départementales de randonnée pédestre, de pêche et de chasse, le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France, etc.
« Pour passer des idées aux réalisations, nous devons donner des ressources et des moyens de gouvernance à la biodiversité » dit Jean-Claude Leroy. Un comité de concertation Biodiv’62 favorisera une meilleure couverture départementale des actions de préservation de la biodiversité et une dynamique à l’échelle départementale. Il pourra construire avec les partenaires l’action départementale en matière de biodiversité. Créé en 2018, le FIEET - Fonds d’intervention sur les enjeux écologiques territoriaux - a permis à plus d’une centaine de communes de bénéficier de financements départementaux pour des projets aussi variés que des plantations sur une ancienne friche minière, la renaturation d’une cour d’école, la création d’une mare, l’érection d’une tour à hirondelles... Pour une meilleure lisibilité, le FIETT devient le Fonds Biodiversité avec un premier volet « investissement ». Un second volet « associations » de ce Fonds Biodiversité est une adaptation du dispositif FIEN - Fonds d’intervention pour les espaces naturels, afin de renforcer la mobilisation citoyenne en faveur de la biodiversité. Par le truchement d’un appel à projets, le Département entend donner aux habitants les moyens de s’associer à son action en lançant des chantiers participatifs, des opérations de nettoyage de la nature, des jardins partagés...
« Pour la préservation des ressources essentielles que sont l’air, l’eau et la biodiversité, nous sommes tous concernés, à la ville comme à la campagne, lance Jean- Claude Leroy, et le Département du Pas-de-Calais prend sa bonne part car préserver l’air, l’eau et la biodiversité est un enjeu déterminant pour l’avenir, sur tous les plans : environnemental bien sûr, mais aussi touristique, économique, social, sanitaire. »
Déjà 50 000 mètres carrés de plus pour la biodiversité
Dans le cadre des 30 ans d’Eden 62, le syndicat mixte a lancé un défi aux habitants du Pas-de-Calais : consacrer 2 mètres carrés de leur jardin, terrasse ou balcon à la biodiversité. Pour cela, Eden 62 offre, à qui le souhaite, un sachet de graines de fleurs sauvages. À ce jour, 3 000 sachets ont trouvé preneur soit 6 000 mètres carrés de prairie fleurie supplémentaires. « Mais ça va bien au-delà puisque de nombreuses personnes, sur le site internet et la page Facebook dédiée à l’opération, ont fait part de leurs propres idées-actions : création d’une mare, pose de gîtes et refuges pour toutes sortes d’espèces… Aujourd’hui nous en sommes à 50 000 mètres carrés », précise Emmanuelle Leveugle, conseillère départementale et présidente d’Eden 62. Et l’opération n’est pas finie, il reste quelques sachets de graines disponibles à la Grange Nature à Clairmarais. À noter qu’Eden 62 va également profiter de ce 30e anniversaire pour planter, à la Sainte-Catherine, 200 tilleuls dans les communes concernées par un Espace naturel sensible, ainsi que dans les collèges volontaires.
Des îlots de fraîcheur dans les collèges
Les enjeux de la biodiversité, de l’eau et du réchauffement climatique sont désormais intégrés à tout projet de rénovation ou de construction mené par le Département. Cela vaut aussi pour les collèges via le dispositif Récréation 62. Cette démarche expérimentale consiste à créer, dans les cours de récréation, des espaces végétalisés : prairie fleurie, potager, mare… Récréation 62 sera testé cette année dans quatre établissements : les collèges Val du Gy à Avesnes-le-Comte, Paul-Verlaine à Béthune, Les Argousiers à Oye-Plage et Anatole-France à Noeux-les-Mines.
À Noeux-les-Mines justement, des réalisations sont déjà visibles, un carré de prairie fleurie, une mare : « C’est un travail que nous menons en équipe, avec les élèves volontaires. Ils sont une vingtaine à venir le midi pour jardiner. Nous voulons créer une émulation et que les collégiens s’approprient ce projet qui croise plusieurs objectifs, notamment l’environnement et l’alimentation », explique Mme Foucault, professeur de SVT. « Il y a trois dimensions dans cette expérimentation : l’aménagement ou comment on augmente la biodiversité dans nos collèges ; la gestion, avec nos agents, de ces îlots de fraîcheur nouvellement créés ; la pédagogie les collégiens peuvent participer à l’amélioration de la biodiversité de leur établissement », souligne Blandine Drain, vice-présidente en charge des collèges.
Davantage d’espaces naturels sensibles
Le Pas-de-Calais compte plus de 6 000 hectares d’Espaces naturels sensibles (ENS) répartis sur l’ensemble du département. Ce maillage offre une véritable mosaïque de milieux. Dunes, falaises, polders, coteaux calcaires, marais, landes, terrils, bois, polders, carrières…, cette diversité est une richesse qu’il convient de préserver. Le Département va consacrer 4 millions d’euros à l’acquisition de nouvelles zones naturelles avec un objectif : 200 hectares d’espaces naturels sensibles d’ici 2 027. Dans le même temps, les enjeux en termes de biodiversité, de changement climatique et d’urbanisation amènent à revoir en permanence les zones d’intervention. C’est ainsi que 70 secteurs de protection prioritaire ont été définis.
Les communes et intercommunalités peuvent avoir, elles aussi, des projets liés à la protection de la biodiversité, notamment la création d’espaces naturels. Le Département les accompagne en mettant en place le Kit Biodiv’62. Une mise à disposition d’outils pour aider à l’acquisition foncière, à la définition des projets, une aide à l’aménagement et à l’animation.
La route durable
Dans l’Arrageois, les services de la Maison du Département « aménagement et développement territorial » ont expérimenté l’été dernier la pose d’enrobés à froid lors des travaux de réfection de la RD 59 à Sombrin. Traditionnellement, les enrobés qui recouvrent les routes sont chauffés à 170°C. Plutôt que d’opter pour cette solution, les services en charge de l’entretien des routes départementales ont fait le choix de recycler d’anciens matériaux pour les réemployer au plus près et à froid. Concassés et mélangés à de l’eau et à une émulsion de bitume, les granulats issus d’anciennes routes retrouvent une seconde jeunesse, ce qui évite à la collectivité d’acheter et d’acheminer un matériau dont elle dispose déjà. La « route durable » sera généralisée à l’échelle du département.
La Transternésienne fait rimer biodiversité et mobilité
Le Département est propriétaire d’anciennes voies ferrées qui traversent les territoires ruraux. Depuis quelques années, elles font l’objet d’une attention particulière et bénéficient de travaux de restauration environnementale. Sur ce point, l’ancienne ligne entre Auxi-le-Château et Rebreuve-sur-Canche fait figure d ’exemple. Dès 2018, des aménagements légers ont permis d’en faire un itinéraire de randonnée, la Transternésienne, où la biodiversité peut s’exprimer avec une gestion différenciée de la végétation, la restauration des milieux propices à l’accueil des espèces remarquables…
Demain, la Transternésienne sera également cyclable sur 29,4 km entre Auxi-le-Château et Ramecourt. Ce projet de véloroute a fait l’objet d’une grande concertation avec les acteurs locaux et partenaires pour aboutir à un tracé équilibré entre rails, routes départementales à faible circulation et voies communales, avec comme enjeu la préservation de la faune et de la flore locale. Pour le maire de Noeux-lès-Auxi, Daniel Melin : « Tout le monde a pu donner son avis pour aboutir à un excellent compromis et un beau projet en accord avec l’environnement et notamment le respect de ce corridor écologique que représente aujourd’hui l’ancienne voie ferrée. »